Romance cruelle  Жестокий романс

Un classique du théâtre russe vu par Riazanov

Romance cruelle
URSS / Mosfilm  1984  2h25  Couleur

Eldar Riazanov avec Larissa Gouzeeva, Alissa Freindlich, Andreï Miagkov, Nikita Mikhalkov, Alexeï Petrenko…

Vers 1880, une ville sur les bords de la Volga. La ravissante Larissa, fille d’une veuve désargentée, est très courtisée. En vain, puisqu’elle aime Paratov, un gandin couvert de femmes. Il s’amourache puis disparaît. Désespérée, elle épouse le premier venu, un employé des postes niais et mesquin. Et puis Paratov revient… Tout cela ne peut que mal finir. Mais pour qui ?

Depuis ses débuts, Riazanov voulait sortir du genre comique où il étouffait. C’est chose faite avec cette adaptation d’un classique du théâtre russe, La Fille sans dot d’Alexandre Ostrovski (1878). Une reconstitution soignée pour passions exacerbées.

Dimanche 23 mars à 14h30
Paris, Studio 28

Samedi 5 avril à 20h30
Taverny, Théâtre Madeleine Renaud
Précédé, à 19h30, d'un concert avec le trio Degré 41 et les élèves du Conservatoire Jacqueline Robin.

En présence de Macha Méril
 

L'Ile  Остров

La foi du charbonnier

L’Île
Russie / Studios Pavel Lounguine 2006 1h 50 Couleur
Un film de Pavel Lounguine
Avec Piotr Mamonov, Victor Soukhoroukov, Nina Oussatova, Dimitri Dioujev, Victoria Issakova…

Dans un modeste monastère posé au bord de la mer Blanche, le moine Anatoli perturbe la communauté. Sa foi de charbonnier fait désordre. A l’origine de sa vocation, un traumatisme remontant à la guerre. Culpabilité et volonté d’expier agitent son âme. Mais de l’excentricité à la sainteté, il n’y a parfois qu’un pas. Les désespérés affluent dans l’espoir d’un miracle. Alors, imposteur ou Fol-en-Christ ?
Dixième film d’un réalisateur qui, dès ses débuts, créa la sensation à Cannes en 1990 avec Taxi Blues (Prix de la mise en scène). Depuis, il ne cesse d’explorer la Russie, ses failles et ses tourments, sans concession (Leaving Afghanistan en 2019). L’Île appartient à une veine plus intimiste que le spectaculaire La Noce (Prix d’interprétation collectif à Cannes en 2000). Ici, c’est une méditation en gris-bleu. Mamonov, le saxophoniste déjanté de Taxi Blues, joue cet Anatoli en quête de rédemption.

Vendredi 4 avril à 20h30
Ciné Studio, Taverny

Projection précédée d'une conférence de Jean-François Colosimo :
Le Missel et le missile
Poutine, Kirill et l'orthodoxie russe
 

Quiet Life Тихая жизнь

Résignation ?

2024  1h39   Couleur
Alexandros Avranas
avec Chulpan Khamatova, Grigoriy Dobrygin

Interprété par Chulpan Khamatova, l’une des meilleures actrices russes actuelle, Quiet Life est un film au rasoir. Emouvant et sans concession, il montre l’exil, le déracinement, l’oppression, avec intelligence et un sens profond de la mise en scène.
Chulpan Khamatova a dû fuir en Lettonie. Dans ce film d’Alexandros Avranas, elle incarne son double fictionnel : une mère russe exilée dont l’une des enfants est touchée par le syndrome de résignation et tombe dans le coma. Un rôle pour dénoncer… et se relever.
Sans nul doute, Quiet Life est un film fort qui nous parle, aujourd’hui, de la double peine subie par des artistes russes condamnant Poutine en étant eux même condamnés à l’exil.
A voir impérativement.

Mardi 25 mars à 14h
Paris, cinéma Le Balzac
 

Limonov, la ballade Limonov: The Ballad of Eddie

Un type hors du commun

Limonov, la ballade
France-Italie-Espagne / Wildside-Chapter 2-Fremantle Spain-France 3 Cinéma-Hype Studio  2024  2h18  Couleur
Kirill Serebrennikov avec Ben Whishaw, Viktoria Miroshnichenko, Tomas Arana, Corrado Invernizzi, Evgueni Mironov, Andreï Burkovsky… D’après le livre d’Emmanuel Carrère.

Le parcours sinueux, de la mouise à la gloire, de l’écrivain inclassable Eduard Limonov, né en 1943 et décédé en 2020. Il passe son enfance et sa jeunesse à Kharkov, monte à Moscou puis quitte l’Union Soviétique en 1974, vit à New York et Paris, publie des livres sur sa réalité augmentée puis revient en Russie en 1991 pour y fonder le Parti National Bolchevique. Tour à tour houligan, poète, majordome d’un millionnaire, punk, agitateur politique… Mille métiers, mille misères avant la célébrité. Le film propose un voyage à travers la Russie, l’Amérique et l’Europe underground en mettant l’accent sur la période américaine et ses rapports tumultueux avec la belle Elena – ce qui explique pourquoi le film est en anglais.
Après les biopics du chanteur Victor Tsoï (Leto) et du musicien Tchaïkovski, encore un type hors du commun pour Serebrennikov.
 

Dimanche 23 mars à 20h30
Paris, cinéma Le Balzac
 

Arythmie Аритмия

Fast life

Arythmie
Russie-Finlande-Allemagne / Mars Media, CTB  2017 1h56  Couleur
Boris Khlebnikov avec Alexandre Yatsenko, Irina Gorbatcheva, Nikolaï Schreiber, Serrgueï Nassedkine,  Maxime Lagachkine, Anna Kotova…

Katia et Oleg évoluent tous deux dans le milieu hospitalier. Elle est médecin et lui urgentiste. Le couple habite une petite ville de province. Tout irait bien si son métier ne dévorait pas Oleg où il doit affronter sans cesse des situations difficiles. De plus, son supérieur veut imposer des normes de rentabilité sans tenir compte du facteur humain. Pour décompresser, l’alcool s’insinue. Le couple se délite.
Conçu au départ comme une comédie, c’est finalement un drame doux-amer avec la scénariste Natalia Meltchaninova, elle-même réalisatrice d’un cinéma âpre et rugueux (Combinat Espoir et Le Cœur du monde). Boris Khlebnikov, qui avait débuté avec le tendre Koktebel en 1997, livre ici pour son treizième film le portrait d’un homme démuni devant la souffrance d’autrui et une galerie de personnages et de vies ordinaires et pourtant uniques.

Vendredi 21 mars à 14h30
Paris, Studio 28
En présence du réalisateur Boris Khlebnikov
 

La Commissaire  Комиссар

Un film qui dérange

La Commissaire
URSS / Studio Gorki  1967-1987  1h50  N&B
Alexandre Askoldov avec Nonna Mordioukopva, Rolan Bykov, Raïssa Nedachkovskaïa, Vassili Choukchine, Otar Kobéridzé… D’après une nouvelle de Vassili Grossman.

Pendant la Guerre civile, un détachement de l’Armée Rouge s’empare d’une bourgade ukrainienne abandonnée par les Blancs. Klavdia Vavilova, la commissaire politique, est enceinte. Elle n’a pas trouvé le temps d’avorter. On l’installe chez Efim Magazannik, un rétameur juif père d’une nombreuse nichée. La cohabitation ne va pas de soi. La tension est soutenue par la remarquable musique d’Alfred Schnitke.
L’esthétique du film doit beaucoup au réalisateur Alexandre Dovjenko (une des références de Tarkovski) et à l’écrivain Isaac Babel. C’est une réflexion sur le passé et un constat terrible : la Révolution n’a pas pu empêcher la Shoah. En 1967, pour le 50e anniversaire d’Octobre, le message dérange. Le Goskino fait disparaître le film et le réalisateur est interdit de cinéma. La Perestroïka les sort du placard.

Vendredi 21 mars à 17h
Paris, cinéma Le Balzac
 

Quand passent les cigognes  Летят журавли

La sensation du festival de Cannes 1958

Quand passent les cigognes
URSS / Mosfilm  1957  1h37  N&B
Mikhaïl Kalatozov avec Tatiana Samoïlova, Alexeï Batalov, Vassili Merkourev, Alexandre Chvorine, Valentin Zoubkov…

Deux amoureux au petit matin dans Moscou désert. L’été s’annonce superbe. Mais ce 21 juin 1941, la guerre détruit le petit monde serein de Boris et Veronika. Boris s’engage quand le cousin Marc se planque. Après la mort de ses parents dans un bombardement, Veronika est recueillie dans la famille de Boris. L’absence de nouvelles, la cour pressante de Marc – tout concourt au désarroi de Veronika.
Ce film atypique dans la production soviétique des années 50 fait sensation à Cannes en 1958 : un réalisateur inconnu (des journalistes français), une histoire simple, l’absence de propagande, des héros ordinaires broyés par une tragédie qui les dépasse, une mise en scène fluide et virtuose, des acteurs bouleversants… Bref, un coup de tonnerre et l’unique Palme d’or du cinéma russe et soviétique à ce jour.

Samedi 22 mars à 14h
Paris, Studio 28
Présenté par Pierre Murat

Andreï Roublev  Андрей Рублëв

Peindre des icônes

Andreï Roublev
URSS / Mosfilm  1966  3h05 N&B et Couleur

Andreï Tarkovski avec Anatoli Solonitsyne, Ivan Lapikov, Nikolaï Grinko, Irina Raouch, Nikolaï Bourliaev, Youri Nazarov, Rolan Bykov…

En l’an de grâce 1400, la Russie est en proie à la désunion. Tout à leurs querelles égoïstes, les princes s’entretuent alors que les hordes tatares mettent le pays en coupe réglée. Partout la désolation, les pillages et les souffrances plongent le peuple dans le désespoir. Eglises ravagées et incendiées, gens désemparés. La foi vacille. Au milieu de ces désordres, le moine André Roublev se demande pourquoi peindre des icônes. Face à la barbarie humaine et au silence de Dieu, l’art a-t-il un sens ?

Ce chemin de croix, c’est la quête spirituelle de tout homme encombré de son talent à une époque de fureur et de sang. La description des doutes et des responsabilités d’un créateur envers lui-même et la société vaut pour tous les pays et tous les temps. Mais comme l’a dit Dostoïevski, la beauté sauvera le monde.

Mardi 25 mars à 16h30
Paris, cinéma Le Balzac
 

Salyut 7   Салют-7

Salyut 7 ne répond plus

Salyut 7
Russie / Rossia 1-Kinokompanya STV-Lemon Films Studio-Vita Aktiva-Globus Film-Mosfilm-Lenfilm  2017  1h51  Couleur
Klim Chipenko avec Vladimir Vdovitchenkov, Pavel Derevianko, Maria Mironova, Alexandre Samoïlenko, Vitali Khaev, Lioubov Axionova…

La station spatiale soviétique Saliout 7, inoccupée depuis six mois, ne répond plus aux signaux et semble hors de contrôle, elle risque de s’écraser sur terre. Une mauvaise publicité en ces temps de guerre froide. Il est décidé d’envoyer le vaisseau Soyouz T-13 avec deux cosmonautes expérimentés pour la réparer. Une fois arrivés sur place, ils s’attellent à la tâche. Mais tout se complique, pannes et incendie se succèdent. Le retour des deux hommes est même compromis.
Librement inspiré de l’incident réel survenu en février 1985 et du sauvetage de la station, le film ne lésine pas sur les moyens et les effets spéciaux. Décollage et suspens assurés par un réalisateur efficace. A preuve, il fait en 2019 le terrible Texto.
 

Twist again à Moscou

Panique à tous les étages

Twist again à Moscou
France / Camera One-Films A2-Gaumont International-Renn Productions  1986  1h29  Couleur
Jean-Marie Poiré avec Philippe Noiret, Christian Clavier, Martin Lamotte, Marina Vlady, Bernard Blier, Agnès Soral…

Kiev en 1984. Youri organise un concert rock clandestin pour sa belle Tatiana. Les parents d’icelle débarquent, poursuivis par le KGB car le père est un intellectuel juif dissident. La petite famille se réfugie à l’hôtel Tolstoï de Moscou. Son directeur, un combinard de première, est menacé d’inspection. Panique à tous les étages, services secrets sur les dents, Politburo en émoi… Nos héros échapperont-ils à temps aux pièges et autres traquenards ?
Une affiche de rêve pour cette délirante satire à chaud du régime soviétique. Quand le film sort, le système est encore debout. Le rythme échevelé, les personnages hauts en couleur, les péripéties rocambolesques et le jeu avec les clichés donnent une savoureuse comédie burlesque au doux parfum de nostalgie.

Samedi 22 mars à 21h30
Paris, cinéma Le Balzac
 

Maman, je suis à la maison  Мама, я дома

Mère et fils

Maman, Je suis à la maison 
Russie / AR Contest-Non Stop Productions  2021  1h 44  Couleur
Vladimir Bitokov avec Xenia Rappoport, Alexandre Gortchiline, Youri Borissov, Natalia Pavlenkova, Ekaterine Choumakjova…

Tonia conduit un bus à la périphérie de Naltchik, capitale de la petite république de Kabardino-Balkarie dans le Caucase russe. Son fils s’est engagé dans une société militaire privée opérant en Syrie. Tonia attend son retour imminent. Et puis la nouvelle tombe, son fils a été tué. Mais elle refuse de le croire. Elle pose des questions gênantes. Surtout quand surgit un garçon qui dit être son fils.
Un sujet brûlant d’actualité – le Moyen-Orient en flammes, les milices privées russes – et le drame éternel des mères de soldats. Avec en prime l’acteur si prometteur, Youri Borissov. Le réalisateur, né à Naltchik en 1987, y a terminé l’école de cinéma créée par Alexandre Sokourov et d’où sont sortis Kantemir Balagov (Tesnota, une vie à l’étroit) et Kira Kovalenko (Les poings desserrés). Depuis, Bitokov s’est lancé dans une carrière d’acteur.

Dimanche 30 mars à 16h
Suresnes, cinéma Le Capitole
En présence de Macha Méril

Jeudi 3 avril à 20h30
Ciné Studio, Taverny
 

Ninotchka

Garbo rit

Ninotchka
USA / MGM  1939  1h50  N&B
Enst Lubitsch avec Greta Garbo, Melvyn Douglas, Ina Claire, Bela Lugosi, Sig Ruman, Felix Bressart…

Trois représentants de l’URSS sont à Paris pour effectuer la vente des bijoux (confisqués) d’une grande-duchesse. Mais séduits par les petites femmes et la bonne chère, ils s’amollissent. On envoie une sévère commissaire politique les mettre au pas. Mais elle aussi succombe au printemps et au charme décadent d’un comte. Rappelée à Moscou, elle se morfond tandis qu’il espère la faire revenir.
Garbo rit - quelle merveille ! Ce film sait allier tous les atouts d’une comédie romantique et d’une critique politique à la fois acerbe et fine. D’une main légère, maître Lubitsch, servi par un scénario malin, sait placer des touches qui font mouche : dire en 1939 que les régimes totalitaires russe et allemand se ressemblent prouve une grande lucidité.
En 1957, le remake Silk Stockings (La Belle de Moscou) de Rouben Mamoulian, sous forme de comédie musicale, réunit Fred Astaire et la sublime Cyd Charisse. Un moment inoubliable quand elle danse sur l’air « I’ve Got The Red Blues ».

Samedi 22 mars à 19h30
Paris, cinéma Le Balzac

 

La Maison de la rue Trounaïa   Дом на Трубной

Bécassine à Moscou

La Maison de la rue Troubnaïa
URSS / Mejrabpom-Russ  1928  1h 04  N&B
Boris Barnet avec Vera aretsakïa, Vladimir Foguel, Elena Tiapkina, Sergueï Komarov, Anel Soudakevitch, Ada Voïtsik, Vladimir Batalov…

Un immeuble pendant la NEP, peuplé de locataires divers et variés. Le coiffeur Golikov veut engager une femme de ménage exploitable. Justement, la paysanne Paracha débarque de sa cambrousse. C’est Bécassine à Moscou. Elle découvre la ville et l’envers du décor. Parmi les seconds rôles, le papa d’Alexeï Batalov.
On ne présente plus BB, Boris Barnet dont c’est ici le troisième film après La Jeune fille au carton à chapeau. Légèreté, inventivité et irrévérence envers les canons officiels – telle est la touche Barnet. Cette comédie drôlissime croque avec brio son époque et ses petites gens. Les contraires s’attirant, c’est un des cinéastes préférés de l’austère Jean-Luc Godard.

Mardi 1er avril à 19h30
Médiathèque, Taverny

Accompagnement musical : Vadim Sher (piano) et Dimitri Artemenko (violon)
 

L'Etoile d'un merveilleux bonheur  Звезда пленнительного счастья

Ode aux Décembristes

L’Etoile d’un merveilleux bonheur
URSS / Lenfilm  1975  2h 28  Couleur
Vladimir Motyl avec Irina Kouptchenko, Alexeï Batalov, Natalia Bondartchouk, Oleg Strijenov, Ewa Szykulska, Igor Kostolevski, Innokenti Smoktounovski…

En décembre 1825, Saint-Pétersbourg est le cadre d’une tentative de coup d’état par une poignée de militaires, issus de la meilleure société. Elle échoue. Les meneurs sont pendus, les autres jugés et expédiés dans les mines de Sibérie. Leurs femmes, non inquiétés, ont le choix. Rester ou les suivre et affronter les pires difficultés. Le film s’attache à trois couples aristocratiques : Troubetskoï, Volkonski et Annenkov. Ce dernier a inspiré Le Maître d’armes d’Alexandre Dumas.
Drame historico-romantique dédié aux héros décembristes, les premiers à défier le pouvoir tsariste, et surtout à leurs femmes dévouées jusqu’au sacrifice. Les fameuses Dames de Sibérie d’Henri Troyat. En fait, le réalisateur Motyl célèbre le courage intemporel des opposants. La dernière scène faillit être coupée car jugée trop « actuelle » par la censure de l’époque.

Samedi 29 mars à 19h
Suresnes, cinéma Le Capitole
En présence d'Irène Frain

Des films à voir et à revoir !
 

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