Délit de fuites

Don Quichotte en Union Soviétique

Délit de fuites (Фонтан)
URSS 1988 Couleur 1h44
Production : Lenfilm
Réalisation : Youri Mamine
Scénario : Vladimir Vardunas
Image : Anatoli Lapchov
Musique : Alexeï Zalivalov
Avec : Assankoul Kouttoubaev, Sergueï Dontsov, Jeanna Kerimtaeva, Victor Mikhaïlov, Alexeï Zalivalov, Nina Oussatova…
Dans une banlieue maussade à la périphérie de Léningrad, une banale barre grisâtre. L’arrivée d’un vieil Ouzbek (beau-père du gérant de l’immeuble), ennemi du gaspillage – surtout de l’eau, si précieuse pour un fils du désert – chamboule la vie des locataires qui jusque-là vaquaient à leurs petites affaires. Chaque étage a son lot d’originaux : un horticulteur en chambre, les zélateurs d’un obscur écrivaillon décédé, un musicien perché (dans tous les sens du terme), quelques poivrots, des ménagères débordées, beaucoup de citoyens indifférents… Et un Don Quichotte.
Moderne Pot-bouille à la mode soviétique, le lieu et ses habitants sont une métaphore d’un système à bout de souffle. La Maison Russie se déglingue à tous les niveaux, de la cave au grenier. Tableau véridique d’un quotidien délabré, cette comédie grinçante et bouffonne est conçue comme une pièce musicale en sept mouvements de l’andante allègre au grandioso final. C’est le constat impitoyable d’une société à la veille de l’implosion. Tournée en pleine Pérestroïka, la satire de Youri Mamine offre une vision prémonitoire. Mais on le sait, tout bon artiste est aussi un prophète.

Studio 28
Samedi 9 mars à 16h
Présenté par Pierre Murat

Le Thème

Portrait caustique d'un romancier soviétique

Le Thème (Тема)
URSS 1976-1986 Couleur 1h39
Production : Mosfilm
Réalisation : Gleb Panfilov
Scénario : Gleb Panfilov, Alexandre Tchervinski
Images : Léonide Kalachnikov
Musique : Vadim Bibergan
Avec : Inna Tchourikova, Mikhaïl Oulianov, Sergueï Nikonenko , Stanislas Lioubchine, Evguéni Vesnik, Evguenia Netchaeva…
Kim Essénine, écrivain de renom, souffre d’une panne d’inspiration. Il pense se ressourcer à Souzdal, au cœur de le Russie profonde (certains extérieurs d’Andreï Roublev y furent tournés) en compagnie de sa dernière conquête, une jeune nigaude. Mais le vieux pays n’est pas accueillant : tracasseries administratives, défiance du milicien local trop zélé, atmosphère provinciale étriquée. Et toujours pas d’idées. La rencontre avec Sacha, guide au musée local, le ravigote un moment. Mais elle oppose à sa gloire frelatée l’œuvre modeste d’un humble poète du terroir, un inconnu. C’est comme comparer un peintre pompier officiel et un peintre naïf du dimanche. La scène du cimetière avec le fossoyeur devient hautement symbolique.
L’identité de l’écrivain est tout un programme. Kim est un acronyme datant de l’époque héroïque des Soviets, initiales des mots Internationale de la Jeunesse Communiste. Et le nom renvoie au célèbre poète Serge Essénine, d’origine paysanne, qui s’est suicidé en 1925 d’alcool et de désespoir devant l’évolution du pays.
Terminé en 1976, le film subit les foudres de la censure pour deux motifs. Primo, le portrait trop caustique d’un romancier soviétique établi. Secundo, l’épisode abordant, en pointillés, le thème de l’émigration juive, dissidente à l’époque. La Pérestroïka, parenthèse de liberté dans l’histoire russe, permit une sortie normale dix ans après. Ce délai, parfois fatal aux œuvres censurées, n’a pas altéré la force et la beauté du film.
 

Cinéma Le Balzac
Dimanche 10 mars à 11h

Le Thème, Délit de fuites
Deux grands films soviétiques à (re)voir

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